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Nicolas CORREARD est maître de conférences en littérature comparée à Nantes Université (UFR Lettres et langage). Spécialiste du XVIe et XVIIe siècles, il a pour thèmes de recherche la satire littéraire, le champ de ce qu’il nomme la littérature "sério-comique" de la Renaissance et les relations entre littérature et histoire des idées. En écho à ses responsabilités au laboratoire LAMo, il encourage une science ouverte capable de garantir la qualité des publications et l’exercice d’un contrôle par les auteurs, tout en mettant en garde contre un usage indiscriminé de l’outil HAL.

Nicolas Correard Au fil de son parcours universitaire, Nicolas Correard a publié de nombreux articles de revues, chapitres d’ouvrages collectifs, compte rendus, actes de colloques... Une partie de ses textes a été diffusée en ligne. Il fait ainsi partie de "la première génération de chercheurs à pratiquer le numérique" pour ses publications. Mieux encore, il a rapidement effectué des dépôts en archive ouverte "pratiquant la science ouverte avant que la notion ne soit définie", en tant qu’enseignant-chercheur comme en tant que membre directeur adjoint du LAMo (Littératures antiques et modernes), qui édite la revue en ligne Atlantide, en accès ouvert depuis sa fondation en 2014.

"Le caractère non coûteux et le caractère universel" des textes déposés sur une archive ouverte sont "deux avantages décisifs". Pour Nicolas Correard, cela représente même "une révolution dans l’espace de la recherche", bousculant à la fois le système de l’édition et le rapport au lectorat. "Un article diffusé en science ouverte dispose d’un potentiel de lecture et de diffusion beaucoup plus important", ce qui rebat les cartes entre centralités et périphéries.

Surtout si l'article en question est particulièrement érudit, il sera alors "beaucoup plus lu et cité" qu’édité uniquement en version papier. "J’ai été sollicité par des chercheurs italiens et canadiens dont j’ignorais l’existence et le travail suite à la publication d’un texte sur un auteur de la Renaissance (Cornelius Agrippa) connu que de quelques rares spécialistes".
 

L'accès ouvert, une opportunité pour des auteurs

Toutefois, Nicolas Correard assure "qu'il ne s’agit pas de tout déposer sur HAL", soulignant que "l’objectif est de bien publier", si besoin avec le soutien du Service Archivage et Diffusion de la recherche. Il craint, comme plusieurs collègues, que l’exigence d’une "mise en ligne rapide et massive" ne nuise à la qualité des textes édités, tant sur la forme que sur le fond, les laboratoires ne disposant absolument pas, en l’état actuel, de personnel pour les assister dans un travail de contrôle des données et de mise en forme professionnelle actuellement effectué par certains éditeurs. Le passage à la science ouverte doit se faire en concertation avec l’édition universitaire traditionnelle, en respectant par ailleurs la tradition de l’imprimé.

De nombreux collègues directs ont d’ailleurs des réserves beaucoup plus fondamentales vis-à-vis de l’obligation de dépôt des textes dans HAL adoptée par Nantes Université. Il est important d’écouter leurs arguments, d’envisager toutes les conséquences. Nicolas Correard plaide pour une approche plus souple. "Que tout soit déposé sur HAL est difficilement concevable. Que toutes les notices soient sur HAL est un bon objectif". Investi dans la science ouverte, il interpelle les responsables pour l’amélioration de la plateforme, qu’il considère comme "quelque chose de très positif", particulièrement pour la simplicité de téléchargement d’articles et la diffusion des collections de laboratoire.
"Un article diffusé en science ouverte dispose d’un potentiel de lecture et de diffusion beaucoup plus important"

Malgré tout, dans l’écosystème de l’édition, la publication en accès ouvert "réduit les frais, permettant de réserver un budget pour l’édition papier", qui reste importante, notamment pour les ouvrages individuels, avec une complémentarité à trouver entre ces deux modes. Une opportunité pour des auteurs qui "restent très attachés au livre" et au savoir-faire éditorial ! Cette voie permet également de "sortir du modèle" instauré par des éditeurs ayant développé des accès payants aux tarifs parfois élevés. Tout en renouvelant les pratiques de publication, la "diffusion universelle" offre une alternative qui permet de contourner "des éditeurs à l’approche capitalistique", lesquels, en général, ne sont pas français, mais dictent leur loi sur un marché internationalisé de la recherche.

Quel est le périmètre de l’obligation de dépôt votée par le CA en mai 2021 ?

L'obligation de dépôt respecte l’article 30 de la Loi pour une république numérique. Doivent être déposés dans HAL tous les articles scientifiques publiés par le personnel de l’université, dans la version finale du manuscrit auteur accepté pour publication. L’obligation ne s’applique pas aux ouvrages. Chaque chercheur peut néanmoins déposer sur HAL des écrits scientifiques qui ne sont pas des articles : thèses, mémoires d’HDR, posters, contributions à des colloques, chapitres d’ouvrages (à condition d’avoir recueilli au préalable l’accord de l’éditeur de l’ouvrage). L’obligation ne s’applique qu’aux écrits scientifiques issus d'une activité de recherche financée au moins pour moitié par des fonds publics, elle ne s’applique pas aux publications telles que des romans, des articles publiés dans la presse.