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EPO : une découverte qui dope la recherche médicale

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  • Le 01 mai 2025
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Un consortium de recherche mené par la professeure Betty Gardie, directrice d’études à l’Ecole Pratique et Hautes Etudes et chercheuse à l’institut du thorax (Nantes Université - Inserm - CNRS - CHU de Nantes), a identifié une nouvelle forme d’EPO, plus active, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ces travaux sont publiés dans la prestigieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine.

institut du thorax Très connue en tant qu’agent dopant visant à améliorer les performances des sportifs, l'EPO est en fait l’hormone naturelle qui circule dans le sang et stimule la production des globules rouges dans l’organisme. Quand la concentration en oxygène diminue, comme par exemple en altitude, la sécrétion d’EPO augmente pour stimuler la production de globules rouges et maintenir l’apport en oxygène aux tissus.
 

Un nouveau mécanisme identifié

L'EPO est produite par des organes bien précis au cours de la vie : principalement par le foie pendant le développement fœtal, puis par le rein qui prend le relais et devient le principal site de production après la naissance. Or, des travaux dirigés par la Pr Betty Gardie, directrice d’études à l’Ecole Pratique et Hautes Etudes et chercheuse à l’institut du thorax (Nantes Université - Inserm - CNRS - CHU de Nantes) publiés dans The New England Journal of Medicine, montrent qu’un dérèglement de ce mécanisme peut survenir dans certaines pathologies affectant les globules rouges. Grâce à l'étude de six familles atteintes de polyglobulie, une maladie caractérisée par une surproduction héréditaire de globules rouges, les chercheurs ont identifié de nouvelles mutations du gène de l'EPO.

Par la mise en œuvre de multiples approches expérimentales dont l'utilisation de modèles de cellules souches pluripotentes induites issues de patients et l'analyse biochimique de l'EPO circulante par le Laboratoire Antidopage Français, ils ont montré que ces mutations altèrent des régions de régulation - jusqu’ici inconnues - du gène de l'EPO. L'analyse de l'EPO circulante a révélé la présence chez ces patients d'une forme particulière de l'EPO, semblable à celle observée chez les nouveau-nés prématurés dont le foie est le principal site de production.

Parallèlement, la découverte de cette même forme d'EPO chez des patients atteints de maladie hépatique associée à une quantité trop importante de globules rouges renforce l'hypothèse d'une persistance pathologique de la production d'EPO par le foie après la naissance. Enfin, la mise en évidence d'une activité biologique supérieure de cette forme d'EPO, explique la surproduction de globules rouges des patients, tout en révélant les propriétés physiologiques étonnantes de cette hormone particulièrement puissante jusqu'à la naissance.
 

De nouvelles perspectives en médecine

Ces découvertes marquent une avancée significative dans la compréhension des mécanismes de régulation de l'EPO et promettent des implications cliniques majeures : la mesure de l’EPO pourrait intégrer les protocoles de diagnostic des polyglobulies et participer à l’évaluation de nombreuses maladies du foie. De plus, cette découverte va permettre la mise en œuvre de nouveaux essais cliniques pour améliorer la prise en charge de ces maladies actuellement traitées par la réalisation itérative de saignées.
 

A propos de l'étude

Ce travail souligne l'importance d'une approche multidisciplinaire, indispensable  pour mieux comprendre et traiter les mécanismes impliqués dans la survenue de ces maladies  : mené par Betty Gardie (l’institut du thorax, Nantes), il a été réalisé par 57 médecins et chercheurs, dont Laurent Martin et Alexandre Marchand (Laboratoire Antidopage Français), François Girodon (CHU de Dijon), Darko Maric et David Hoogewijs (Université de Fribourg), Yaël Zermati (Sorbonne Université, Inserm, Centre de Recherche Saint-Antoine, UMRS_938) et Salam Idriss (l’institut du thorax, Nantes). Il a été soutenu financièrement par la Région Pays de la Loire, l’Agence Nationale de la Recherche et la Fondation d’entreprise Genavie, la fondation de l’institut du thorax.

Crédit photo : Stéphane Bellanger
Mis à jour le 05 mai 2025.