Entretien avec Anne-Clémence Vion, chercheuse en biologie vasculaire

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Anne-Clémence Vion Après une thèse à Paris puis un post-doctorat à Londres et à Berlin, Anne-Clémence Vion a intégré l'Université de Nantes en 2018 dans le cadre du programme « NExT Talent », destiné aux jeunes talents. Cette biologiste vasculaire étudie les anévrismes intracrâniens, des pathologies encore mal comprises, peu diagnostiquées et traitées uniquement par des opérations chirurgicales à risque. À l'institut du thorax, la chercheuse travaille à cibler des protéines liées aux modifications hémodynamiques responsables de la formation des anévrismes. La création de Nantes Université, au 1er janvier 2022, devrait lui permettre d'approfondir ses activités de recherche.


Pourquoi avoir choisi Nantes pour mener vos recherches ?

L’institut du thorax est un centre de recherche réputé, avec une très forte interdisciplinarité. Dans le domaine des anévrismes intracrâniens, nous avons la chance de travailler avec une très bonne équipe de cliniciens qui a constitué une cohorte de plusieurs milliers de patients unique en France et en Europe. Quand je suis arrivée à Nantes, en 2018, l’institut menait un projet de recherche sur les aspects génétiques et les formes familiales des anévrismes, en cherchant les mutations responsables de leur formation. Je suis venue ici pour ouvrir de nouvelles perspectives de recherche, en apportant mon expérience sur les forces hémodynamiques, facteurs environnementaux clés dans la formation de ces anévrismes. J’ai ainsi intégré l’équipe du Dr. Loirand, dont le travail sur l'hypertension artérielle est reconnu internationalement et qui œuvre actuellement à comprendre le rôle physiopathologique des gènes identifiés dans les formes familiales d’anévrisme. C'est une chance pour moi d'avoir pu intégrer une telle équipe.


Vous êtes lauréate du programme « NExT Talent ». Qu'attendez-vous de la création de Nantes Université en tant que nouvel établissement de recherche scientifique ?

La vie de chercheur suit des cycles de financements. L'usage est d'obtenir des fonds pour environ trois ans puis, fort des résultats obtenus, chercher de nouveaux financements. L'argent est un des verrous à débloquer pour mener à bien un projet de recherche, aller au bout de son idée. Pour les jeunes chercheuses et chercheurs, les débuts sont difficiles, il faut avoir des résultats pour être financé, et il faut être financé pour obtenir des résultats. La création de Nantes Université devrait permettre de faciliter l'accès à ces financements. Avec le regroupement d’établissements, il sera possible d'atteindre une visibilité suffisamment importante pour soutenir nos candidatures sur des programmes de financements régionaux, nationaux, européens ou internationaux de grande envergure. Ce rapprochement nous permettra également de mieux travailler avec nos collègues de l'hôpital Laënnec, et de renforcer l’interdisciplinarité. J'attends aussi de Nantes Université de se faire reconnaître à l'étranger, d'être un nom qui porte et qui parle pour attirer les étudiantes et étudiants ainsi que les jeunes chercheurs, chercheuses internationaux.


Vos activités de recherche portent sur les anévrismes intracrâniens. Comment vos recherches participent-elles à lutter contre cette pathologie ?

L'anévrisme est une maladie silencieuse dont la découverte est souvent fortuite et dont la principale prise en charge est un suivi de son développement. On peut vivre longtemps avec un anévrisme mais c'est une angoisse permanente, dans la crainte de la rupture qui, elle, est brutale et souvent mortelle. Les enjeux de mon travail scientifique sont multiples : il s'agit d'abord de recherches fondamentales, pour comprendre comment se forme un anévrisme et savoir quels sont les mécanismes moléculaires en jeu. Mon travail devrait, à terme, pouvoir servir aux médecins en leur permettant d’avoir de meilleurs outils de diagnostic. Aujourd’hui, on peut opérer un anévrisme intracrânien mais c'est une opération risquée qui peut laisser des séquelles. L'enjeu est donc de connaître les risques de rupture d'anévrisme et d'évaluer la pertinence d'une intervention endovasculaire ou chirurgicale. Enfin, j'espère que grâce à l’identification des mécanismes en jeu, nous développions des traitements permettant de les contrôler et donc de stabiliser ou de prévenir la formation de ces anévrismes.
Mis à jour le 07 juin 2022.
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