Almeria, le destin d’une ville portuaire (IXe - XVe siècles) par Christine MAZZOLI GUINTARD

Sur le littoral de l’Andalousie, au fond de la baie du même nom, Almería est née de la mer et elle a été façonnée par la Méditerranée, au gré des mouvements de flux et de reflux des navires. C’est le destin de cette ville portuaire tout au long du moment islamique de son histoire qui sera narré, depuis son apparition au IXe siècle jusqu’à la conquête de la ville par les Rois Catholiques en 1489. A l’origine simple tour de surveillance édifiée pour surveiller le littoral au moment où les Normands menaçaient les côtes, Almería ne cesse d’affirmer sa vocation portuaire : le calife de Cordoue y installe sa flotte, les souverains de taïfas en font le principal port de la Méditerranée occidentale au XIe siècle, rôle qu’elle conserve au siècle suivant, exportant le marbre de son arrière-pays jusqu’au royaume de Gao, sur les rives du Niger. Cette prospérité maritime suscite des jalousies et cause sa perte. En 1147, une coalition emmenée par le roi de Castille s’empare de la ville et le géographe al-Idrîsî pleure ainsi la perte de la ville portuaire : « Ses beautés se sont altérées, sa population a été faite prisonnière, ses demeures sont en ruines et ses bâtiments ont été détruits. Il n'en reste rien ».

Christine Mazzoli-Guintard est professeure d'histoire des mondes médiévaux à Nantes Université où s'est déroulée sa carrière. Nommée maître de conférences en 1993, elle est agrégée d'histoire et ancienne membre de la Casa de Velazquez. Elle est aussi membre de l'Académie royale d'Espagne (académica correspondiente extranjera). Christine Mazzoli-Guintard a consacré son activité de recherche à l'histoire des villes d'al-Andalus (péninsule Ibérique islamique).